Je vais vous raconter l’histoire de ma meilleure amie, Jacqueline. Ce n’est pas une très longue histoire, mais elle vaut le coup d’être entendue. Parce qu’elle représente l’amour, le vrai, le simple. Jacqueline elle est blonde, grande, superficielle. Quand elle s’est coloré les cheveux, à 20 ans, je lui avais dit que ça ne lui allait pas. En fait j’étais jalouse. Parce que Jacqueline est belle, vraiment très belle. Et elle aime le montrer, d’ailleurs. Se mettre en valeur est sa principale occupation. C’est grâce à ça qu’elle a rencontré Pierre, un beau brun.

Quand ils se sont vu, au café de la Paix, ça a tout de suite été le coup de foudre.

Il était serveur, et, à part son charme qui ferait tomber n’importe qui, il n’avait rien qui aurait pu intéresser Jacqueline. Mais c’était lui, son véritable amour, son âme-sœur, c’était lui et elle l’a su dès le premier jour. Ils sont sortis ensemble peu de temps après. Ils allaient dans des parcs, dans des fêtes foraines. Elle en demandait toujours plus, mais il n’avait rien à lui offrir. Elle rêvait de mondanité, de paillettes, quand lui n’avait à peine assez d’argent pour se nourrir. Il étudiait la photographie, dans une école. École prestigieuse qui avait un coût. Pierre s’est endetté, de tous les côtés, afin d’y rentrer. Et maintenant il devait rembourser. Ils se disputaient beaucoup au sujet de l’argent, mais ils s’aimaient profondément. Il la prenait souvent en photo c’était sa muse. Son atelier, une petite cabane en bois était rempli de photos d’elle. Dans sa chambre, sur le lit, en train de manger… Ils passèrent trois années géniales ensemble. Ils vivaient au jour le jour. Jacqueline aimait tellement Pierre que je ne la reconnais plus. Mais un jour, quelqu’un les sépara. Un coup de feu, une balle et c’était fini. Les erreurs passées de Pierre et ses dettes impayées avaient eu raison de lui. Jacqueline ne s’en est jamais remise. Je n’arrivais pas à la consoler, à la faire aller mieux, personne ne pouvait. Elle voulait Pierre, mais elle ne pouvait plus l’avoir. Sa peine étant insurmontable, elle décida d’en finir, de rejoindre Pierre, peu importe où il était. C’est moi qui la retrouvais pendue chez elle.

Je venais la voir pour prendre le petit déjeuner, comme chaque dimanche.

Dans sa poche, j’ai retrouvé une photo, une photo d’elle. Elle était assise sur un fauteuil, dans une position qu’elle adorait : une jambe sous ses fesses et l’autre déployée. Habillée en léopard, son motif préféré, ses cheveux tenus en un gros chignon, elle regardait l’appareil comme s’il n’existait pas : c’est Pierre qu’elle regardait. Son chien, que Pierre avait fait empailler ne trouvant aucune façon de la consoler après la mort de son animal, était posé sur un petit chariot près d’elle. Un chandelier au mur, un coquillage mit en évidence, Pierre avait tout fait pour mettre Jacqueline en valeur et proche de ce qu’elle aimait. C’était sûrement sa photo préférée, celle où on la voyait naturelle, comme elle était. Pierre la connaissait si bien.

Rédigé par LNE

2 Commentaires

B.

Une très belle fiction, extrêmement bien écrit avec un style très particulier.
Continuez ainsi avec le talent qui est le vôtre.
B.

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EM

Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet / june.fr

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